Comme un Sioux ! by Philippe TREHIOU

Auteur:Philippe TREHIOU [TREHIOU, Philippe]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier/Thriller/Suspense
Éditeur: Le Lys Bleu
Publié: 2023-10-17T23:00:00+00:00

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ZAC de Plomesker – 22 heures 02 – vide sidéral – vacuité abyssale ! À comparaison et timing égal, le désert de Gobi devait se parer d’allure de fiesta mexicaine. Trouver un poste d’observation discret demanda une somme d’efforts inouïs. Ah, ils ne s’étaient pas installés ici par hasard les chacals ! Plus large et plus vaste, le local du HDC, la Hache du Cornik, surplombait au fond de la zone, la dizaine d’autres bâtiments tôlés et éteints du site. Pas une habitation à des lieues à la ronde. Impossible de se cacher à proximité sans se faire remarquer.

Mes trois passages sur la nationale proche me fournirent la certitude d’adopter une approche plus subtile et plus risquée à la fois. D’abord, garer ma mécanique coréenne un bon kilomètre plus loin, à l’abri, dans un pré ceint d’une barrière arborée. Puis, au courage, sac sur le dos, je traversai à pinces le bocage breton, pour éviter de me faire repérer. Ma cavalcade à travers champs décrivit d’entrée de jeu un arc de cercle qui s’éloigna du point de chute. Gravées dans mon crâne, les précisions de Raymond stipulaient l’emploi de vidéosurveillance extérieure voire, vu la paranoïa ambiante, peut-être de détecteurs de mouvements. Au bout d’un laps de temps, machine arrière toute vers l’aire d’entrepôts. Les cent derniers mètres me virent ramper pour approcher trois sapins situés à une distance respectable du club house. Heureusement, l’obscurité jouait pour moi. Mais l’escalade du plus grand des résineux pompa sans pitié mon énergie. Et, posé à califourchon sur une branche, calé contre le tronc puissant, je scrutais maintenant le néant à la jumelle : aucun déplacement dans le périmètre.

Une fenêtre éclairée trahissait une maigre présence chez les bikers. Mais oualou, tu pouvais repasser pour l’agitation et les enseignements. Selon Raymond, venir en soirée était judicieux. L’absence de voisinage y générait davantage de comportements extravertis et les débordements n’étaient pas rares. Pour l’instant, le seul couillon du coin se faisait tartir sur une branche à une quinzaine de mètres du sol. L’absurdité dans toute sa splendeur !

Absorbé par l’ennui, les minutes ressemblèrent vite à des heures. Entouré de feuillages, le poste en hauteur me fit alors penser au Putois. Encore, un gugus tout en nuances que j’appréhendais avec difficulté au sens propre comme au figuré. Mais son discours me plaisait bien. Sans bénéficier de sa science, je constatais que les choses ne tournaient pas rond. Putain, ce monde partait à vau-l’eau. D’un côté, on épuisait la nature et les ressources en flattant une surconsommation outrancière de plus en plus dingue. De l’autre, les mêmes te culpabilisaient au nom d’une morale, d’une conscience écolo non assumée, sans ligne directrice précise. Au milieu, les lobbys cornaquaient nos élites politiques, quand toute la majorité silencieuse, au garde-à-vous, suivait. Et fallait se démerder avec ça. Les rapports mondiaux caricaturaux induisaient plusieurs degrés inégaux : la disette, et ses cohortes de crève-la-faim ; le soyez-heureux, gavez-vous de malbouffe et enfin le haut du panier où des pique-assiettes azimutés se partageaient la planète en rêvant de l’espace.

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